Le verger, refuge de vie
Le verger à haute tige comme espace vital
Le verger, patrimoine culturel
La création d'espaces vitaux dans les vergers
Mesures de protection pour certaines espèces cibles
des vergers
La chouette chevêche et les chauves-souris
Le verger À haute tige comme espace vital
Pour de nombreux animaux le verger représente un espace
vital de grande importance. Beaucoup d'espèces sont devenues rares et ne peuvent
survivre qu'à l'aide de mesures de protection. Par votre verger vous
pouvez contribuer à cette aide en observant certaines règles.
L'attrait du verger pour ces animaux provient d'une part de l'offre
abondante en nourriture pendant toute l'année (fleurs, fruits, insectes)
et d'autre part des nombreuses cavités d'arbres servant de nids et
de gîtes.
Des cavités suffisamment grandes ne se forment que dans les arbres à haute
tige. Les arbres à basse tige ne deviennent ni assez grands ni assez
vieux. Les plantations modernes de fruitiers nains n'ont donc pas
de grande valeur du point de vue de la protection de la nature. De plus, ces plantations
sont souvent plus fragiles ce qui nécessite l'utilisation de produits
phytosanitaires. Par l'emploi de ces produits souvent toxiques les vergers
deviennent alors des pièges dangereux pour les animaux venant s'y
abriter.
Si la place est disponible, il est conseillé de choisir un fruitier à haute
tige d'une variété robuste.
De plus amples informations sur les différentes variétés
conseillées selon l'emplacement
du verger se trouvent dans la fiche technique "Choix
des arbres fruitiers".
Une plantation et un entretien appropriés vous permettront par la
suite un jardinage sans pesticides. La nature et l'environnement en
profiteront tout autant que votre famille.
Le verger, patrimoine culturel
Hormis leur valeur écologique, les vergers représentent un
précieux patrimoine culturel. Ils ont livré pendant des milliers
d'années un apport important à l'alimentation de l'homme. Au
fil du temps des milliers de variétés adaptées à la
région et aux besoins ont été cultivées.
Il existe des variétés adaptées aux situations climatiques
plus rudes, aux sols humides et secs, à l'utilisation en distillerie
ou à la fabrication de jus de fruits, à la consommation immédiate
ou à la mise en cave (certaines variétés se conservent
jusqu'à la prochaine récolte). Cette grande
diversité existe
toujours dans nos vieux vergers. Néanmoins elle risque de disparaître
si nous n'achetons et ne plantons plus que les quelques variétés
modernes offertes aujourd'hui dans le commerce. La Station Biologique de
l'Ouest met à votre disposition des listes de
variétés fruitières traditionnelles avec des informations sur leurs exigences
et utilisations. Certaines pépinières se sont spécialisées
dans la conservation de ces anciennes variétés et vous en offrent
un grand choix. Ainsi vous pouvez sélectionner les variétés
adaptées à vos besoins et contribuer ainsi à la conservation
du patrimoine culturel que sont les vergers.
Il est également intéressant de planter des espèces
fruitières rares ou presque disparues comme le Sorbier domestique
(Sorbus domestica) et le néflier
(Mespilus germanica).
Le sorbier domestique est une espèce thermophile ne poussant qu'à des
endroits chauds comme les sites exposés sud ou les vallées à climat
modéré. Le Sorbier domestique peut devenir un arbre solitaire
majestueux d'une hauteur de 15 à 20 m et d'un diamètre de la
couronne de 10 à 15 m. Il ne pousse que lentement et ne porte ses
premiers fruits que très tard (après 15 ans environ), mais
peut atteindre un age de 200 ans. Il préfère les sols profonds,
perméables, riches en éléments nutritifs et calcaire
mais pousse aussi sur les sols plus lourds et argileux (mais non imperméables).
Néanmoins, il ne tolère pas les milieux acides et secs.
Le Sorbier domestique est très fragile durant ses premières
années de vie et le risque de perte est élevé. Pour
le limiter il est avantageux d'acheter les plantes dans des bacs. Lorsque
la jeune plante est à nue, il ne faut
jamais raccourcir la racine pivotante ni mettre de l'humus dans le
trou dans lequel elle sera plantée. Il est aussi très important de prévoir
une protection contre les dommages causés par les souris et le gibier.
Le Sorbier domestique ne nécessite aucune taille. Même les arbres
solitaires donnent de bonnes récoltes. Les fruits du Sorbier domestique
sont avant tout utilisés en distillerie à la fabrication de
la "Spirendrëpp".
Le néflier est un petit arbre à la cime étalée
et large. Il atteint une hauteur de 3 à 6 m et un age de 50 ans. Il
est sensible au gel et nécessite un emplacement protégé comparable
aux poires de table.
Le néflier pousse sur tous les sols à l'exception des sols
secs et imperméables. Il nécessite une coupe régulière.
Il est autopolinisant. Ainsi, même les arbres solitaires donnent
une bonne récolte. Les fruits se mangent crus ou en confiture.
La crÉation d'espaces vitaux dans les vergers
La valeur écologique d'un verger dépend évidemment de
ses arbres. Les vieux arbres à haute tige riches en cavités
ont la plus grande valeur. Cependant, même un jeune verger est important
du point de vue de la protection de la nature. Tout dépend de l'utilisation
qu'on en fait et de la richesse en microstructures.
Un point important est la manière dont la prairie est exploitée.
Pour les animaux il existe un lien direct entre la prairie et les fruitiers.
Beaucoup nécessitent d'une part l'arbre et de l'autre une prairie
exploitée de manière extensive riche en fleurs et en insectes.
D'autres dépendent d'un pâturage extensif.
Dans le cas d'une prairie de fauche il faut renoncer à l'emploi d'engrais et ne
faucher que deux fois par an (première coupe en juin/juillet,
deuxième en juillet/août). Si vous utilisez votre verger également
comme jardin, vous pouvez tondre les chemins de passage plus fréquemment
tout en ne fauchant le reste du verger que 2 fois par an.
Dans le cas d'un pâturage il faut veiller à ce que le nombre
de bêtes par unité de surface ne soit pas
trop élevé et
que, une fois le pré pâturé, le bétail soit mené à une
autre prairie. L'apport de nourriture supplémentaire n'est pas favorable puisqu'il engendre un enrichissement du site en éléments nutritifs. Les
jeunes arbres fruitiers doivent être suffisamment protégés
du bétail. Un pâturage par des chevaux s'avère très
problématique pour le verger car ils ont tendance à éplucher
l'écorce des arbres et à les faire mourir. Par conséquent
il faudra prévoir une protection efficace aussi pour les arbres adultes.
L'entretien régulier des fruitiers est d'une grande importance pour
maintenir une couronne ouverte, une charpente solide, aérée
et équilibrée et un bon état sanitaire. C'est pourquoi
un taille de formation et plus tard un élagage régulier sont
importants. Néanmoins, l'entretien ne doit pas être exagéré.
Le bois mort et pourri est très important pour les insectes et les
champignons qui à leur tour sont nourriture pour de nombreux mammifères
et oiseaux. C'est pourquoi la biodiversité du verger est en rapport étroit
avec la présence de bois mort. Quelques branches mortes n'ont aucun
effet néfaste sur l'arbre et ne doivent donc pas être toutes
supprimées lors de la coupe. Gardez en toujours quelques unes dans
le fruitier. Il en est de même pour les branches caverneuses qui servent
de gîtes et de nids à beaucoup de mammifères et oiseaux.
Même un arbre mort doit être conservé si possible. La
cime peut être fortement réduite afin de garantir la stabilité du
tronc. L'arbre mort sera l'habitat de beaucoup d'animaux et de champignons
pendant de nombreuses années.
Un autre point important concerne la coupe du gui. Le gui est un semi-parasite
poussant sur les arbres et formant une structure en boule avec des baies
blanches. Le gui lui même est une plante protégée. Néanmoins,
comme il s'agit d'un semi-parasite, il prélève ses éléments
nutritifs dans la sève de l'arbre. Ceci n'a pas d'effets néfastes
sur l'arbre tant qu'il est sain et vital et non entièrement envahi
par le gui. Ne coupez donc une partie du gui que lorsque celui-ci envahit
une grande partie de la couronne.
Toute structure supplémentaire dans un verger enrichit sa diversité.
En général on peut dire qu'un peu de "désordre" est
toujours bénéfique à la nature. Les possibilités
de créer des habitats supplémentaires sont nombreuses:
- Tas de branches coupées et piles de bois: Le bois obtenu lors de la coupe peut être mis en tas et servira d'abri aux animaux tel que l'hérisson et l'hermine ou de support pour des espèces rares de champignons. Il en est de même pour les piles de bois de chauffage. Par contre, le bois coupé des fruitiers malades risque de contaminer les arbres sains. Il est conseillé de brûler les branches fortement atteintes par le chancre et de positionner les tas du côté opposé des vents dominants afin d'éviter que les spores de champignons soient dispersées dans tout le verger.
- Vieux pieds d'arbres: Ne déterrez et n'éliminez pas les pieds de vieux arbres morts ou coupés. D'une part, il n'est pas conseillé de replanter un nouvel arbre dans le même trou vu que le sol est souvent épuisé à cet endroit et, d'autre part, les vieux pieds présentent des habitats supplémentaires qui enrichissent la structure du verger.
- Poteaux en bois: Une clôture avec des poteaux en bois au lieu de fer enrichit également votre verger. Les abeilles solitaires par exemple percent des trous dans le bois pour y déposer leurs œufs. Veillez à n'utiliser que du bois non traité. Pour la longévité des poteaux il est conseillé d'utiliser du chêne fendu.
- Murs montés à sec/ tas de pierres: Les tas de pierres ainsi que les murs montés sans mortier sont un refuge idéal pour les animaux thermophiles tels que les lézards. Ces pierres sont recouvertes avec le temps par une végétation hautement spécialisée.
- Les vieilles bâtisses abandonnées et remises peuvent également jouer un rôle important pour la conservation de certaines espèces. La chouette chevêche par exemple, une espèce fortement menacée, s'y abrite. Ne démolissez donc pas immédiatement ces bâtiments.
- Ilots buissonnés: Les haies dans ou à la limite des vergers enrichissent le site et forment une saillie pour les animaux ne trouvant pas suffisamment d'abri dans le verger.
- Une végétation de bordure riche en arbustes et plantes herbacées est également très importante pour de nombreuses espèces. Après la floraison des fruitiers au printemps ce sont les bordures riches en fleurs qui fournissent la nourriture aux insectes. Les plus grands animaux peuvent également s'y retirer et abriter lorsque la prairie est fauchée ou lorsque le pré est pâturé de manière trop intensive.
Mesures de protection pour certaines espÈces cibles des vergers:
La
chouette chevÊche et les chauves-souris
En plus des mesures de protection augmentant la diversité biologique en général, d'autres mesures très spécifiques sont ciblées sur la sauvegarde de certaines espèces hautement menacées.
La chouette chevêche est une espèce typique des vergers qui
aujourd'hui est devenue très rare et nécessite des mesures
de protection spécifiques. Elle a besoin d'un paysage
richement structuré,
ouvert, avec une végétation arbustive éclaircie. On
ne la trouve pas dans les lieux trop refermés avec un réseau
de haies très dense ni dans des vallées encaissées.
Ses terrains de chasse sont des prairies à végétation
rase, de préférence des prés extensifs. Elle aime les
périphéries de villages richement structurées avec une
mosaïque de prés, jardins et vieux bâtiments.
Chez nous la chouette chevêche est hautement menacée par
manque de lieux appropriés pour ses nichées. Elle fait son nid de
préférence dans des cavités d'arbres ou dans des bâtiments.
Si l'un et l'autre manquent, ce qui est souvent le cas aujourd'hui, on peut
installer des nichoirs spéciaux pour chouettes chevêches, qui
en général sont bien acceptés par l'oiseau. Chaque territoire
doit comprendre au moins 2 à 3 nichoirs (pour le nid, comme lieu de
repos, comme endroit pour stocker la nourriture).
Les nichoirs peuvent être accrochés dans les arbres fruitiers
(à l'exception des cerisiers où la récolte précoce
coïncide avec les premières sorties du nid des jeunes chouettes
chevêches) ou dans d'autres grands arbres facilement accessibles au
vol ainsi qu'aux bâtiments appropriés.
Nichoir de chouette chevêche sur un arbre fruitier |
Il est très important que le nichoir, par un accrochage spécial, ne soit pas accessible aux chats étant donné que les jeunes chouettes sont une proie facile. Pour la même raison il est conseillé d'opter pour un model de nichoir dans lequel la martre ne peut pas entrer. Les cheminées posent également un problème pour la chouette chevêche qui aime bien s'y poser. Les jeunes oiseaux surtout tombent à l'intérieur, n'arrivent plus à remonter et meurent. Sur les cheminées situées dans un territoire de chouette chevêche il est donc important de prévoir un grillage de protection pour éviter les pertes inutiles. |
Pour les espèces de chauves-souris habitant dans les arbres il existe aussi des nichoirs spéciaux pouvant être accrochés dans les vergers si les cavités d'arbres manquent en quantité suffisante.
loir |
pic épeichette |
grand rhinolophe (chauve-souris) |
Porte-queue |
Fiche technique réalisée par la
Station Biologique de l'Ouest
2, rue de Nospelt,
L-8394 Olm,
Tel: 263036-25
Statut automne 2001